PALIMPSESTE URBAIN

Espaces publics et temps

2020

La ville peut-elle être un art du temps ?

Un temps pressé ou lent, qui s’écoule inexorablement. Comme le temps, chacun vit un lieu à son rythme, selon son humeur, son souffle. Ce qui nous lie, c’est surtout la capacité d’un lieu à représenter ce que nous sommes ; à prendre corps et à se transformer selon le rythme de ses usages. La sacrosainte fonction sert souvent de support, un support utile et rassurant, mais elle ne peut être le but, sinon elle fige. Heureux est au contraire l’usage, pérenne ou fugace. Heureux est un lieu qui accueille le rythme changeant des usages, parce qu’il parle des gens et du temps.

Comme le palimpseste, l’espace public se pense comme un support dont on efface une partie de l’aménagement pour y écrire nouvelle histoire.

La réécriture permanente d’une ville entre train de se défaire et refaire constitue la qualité première d’un espace public. Prenez une place qui alterne la rudesse d’un parking aérien et le fourmillement d’un marché animé, elle est magnifique en soit. Une beauté brute à l’état pur! Car elle ne parle pas d’elle mais des autres.  Ce sont ces sujets qu’il faut accompagner et stimuler. Alors, pourquoi détruire et remplacer quand on peut transformer par touches successives?

Penser la ville et ses espaces publics, c’est penser chaque moment de la ville.
C’est offrir un palimpseste où les espaces publics changent avec les usages et le temps.

C’est penser demain à partir d’aujourd’hui.

Stanislas Zakarian
Espace public, 19 avril 2020

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Crédit photos : Geoffroy Mathieu